• 7 septembre 1914

    7 septembre

    Coup de théâtre !

    Les Allemands qui marchaient sur Paris, ne visaient que Paris, voulaient prendre Paris, font demi-tour à gauche, remontent vers la Ferté-sous-Jouarre, Reims, l’Argonne et semblent vouloir rentrer chez eux !

    Qu’est cela ?

    Alors ? Alors ?? Va-t-on les laisser retourner chez eux ? S’ils s’en vont c’est qu’ils se sentent incapables d’attaquer Paris et qu’ils se sentent perdus, et nous, nous les laisserions rentrer chez eux, intacts, sans une égratignure ! Ce serait trop fort !!

    Comment ! Voilà des misérables qui entrent chez nous, ils pillent et ruinent le nord-est de chez nous, pour les recevoir « dignement » nous meurtrissons la belle banlieue de Paris, abattons des maisons, ruinons des gens, coupons des arbres, détruisons toute la beauté des sites parisiens ; le Président se transporte à Bordeaux, avec les ministres, tout le gouvernement, les pouvoirs, les administrations, etc. Et voilà qu’après avoir commis tout cela, après avoir fait fuir les populations, accumulés ruines sur ruines, avoir fait « peur » - diront-ils – au gouvernement, ils rentrent « tranquillement » chez eux, après une promenade toute sentimentale, avoir sablé notre champagne et ruiné les français, ils rentrent chez eux et, en fermant la porte, nous font un gigantesque pied de nez !

    Ça c’est le comble !

    Je n’y veux pas croire.

    Et je souhaite – qu’enfin – ces mouvements de troupes, ces pièges qui leur sont tendus, nos corps d’armée leur barrent la route, les coupent, les encerclent – je ne sais quoi ! – mais qu’ils n’en rentrent pas un vivant chez eux.

    Puisqu’ils sont entrés en France, qu’ils y restent comme dans une souricière.

    On me cite une parole prononcée par le général Pau, lors de son dernier voyage à Paris.

     

    général Pau

     

    Général Pau.- Agence photographique Rol.- Gallica.bnf.fr / BNF, département Estampes et photographie, EST EI-13 (390)

     

    Dans une maison amie, où le général était allé, bien entendu on l’interrogea, il ne put répondre – retenu par le secret militaire. « Ce que je puis vous dire, prononça le général, c’est que, cette fois-ci, nous les tenons. »

    J’ai confiance en cette parole de soldat. Attendons donc.

    Monseigneur l’évêque vient de nommer un nouvel aumônier militaire temporaire – sur sa demande - : M. l’abbé Danger, curé de Courbouzon. En l’absence de M. l’abbé Danger, M. l’abbé Odeau, curé d’Avaray, sera chargé des paroisses de Courbouzon et d’Herbilly.