• 16 septembre 1914

    16 septembre

    La déroute des Allemands s’est arrêtée et ils se retranchent sur les bords de l’Aisne. Une nouvelle bataille se livre à cette rivière, comme la précédente - qui s’appellera la bataille de la Marne, elle portera dans l’histoire le nom de bataille de l’Aisne.

    Que de deuils encore s’attacheront à ces journées sanglantes ! Que de morts encore et que de blessés ! Je relève - à ce jour - les noms des braves jeunes gens, tués pour la Patrie, et morts aux ambulances de Blois. Que leurs noms soient livrés à la postérité. Honneur à eux !

    11 septembre : Louis Legrand, 22 ans, rue des écoles (ambulance). Jean-Baptiste-Alexandre Hugon, 24 ans (Hôtel-Dieu) (ambulance).

    12 septembre : Albert Mouillat, 25 ans, rue des écoles (ambulance). René Cranskens, 25 ans, rue des écoles (ambulance).

    14 septembre : Gustave-Désiré Dujardin, 22 ans, rue des écoles (ambulance). Jean Passérieux, 33 ans, Hôtel-Dieu (ambulance). Mathurin Allanic, 22 ans, rue du Bourg-Neuf (ambulance). Julien Hébert, 32 ans, Hôtel-Dieu (ambulance). Antoine Boual, 20 ans, Hôtel-Dieu (ambulance).

    15 septembre : Charles Vasseur, 20 ans, rue des écoles (ambulance). Albert Pollet, 22 ans, rue des écoles (ambulance). François Tricoire, 34 ans, au collège (ambulance). Aristide Baudrez, 27 ans, avenue Paul Renaulme (ambulance). Victor Guinamant, Hôtel-Dieu (ambulance).

    16 septembre : Albert-Jean Dumont, 27 ans, rue Franciade, 7 (ambulance). Pierre-Valentin-Auguste Aimé, 28 ans, rue Franciade 7 (ambulance).

    Je redis que les ambulances sont installées à Blois : à l’Hôtel-Dieu ; au collège, rue du Département ; à la pension Ste-Geneviève, rue du Bourg-Neuf, 33 ; à l’école normale d’instituteurs, avenue Paul Renaulme ; à l’école normale d’institutrices, rue des écoles ; à l’école Notre-Dame-des-Aydes, rue Franciade, 7 ; à l’ancien petit séminaire, rue Franciade, 6. J’ajoute aussi que les réfugiés, sans places et sans logements, sont hospitalisés au grand séminaire, rue de Berry !

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    Blois.- Ecole Notre-Dame-des-Aydes. Cour d’entrée.- 6 Fi 18/464. AD41

     

    Nombreux sont les blessés allemands, descendus et hospitalisés à Blois, qui meurent des suites de leurs blessures ; ils sont tous soignés à l’Hôtel-Dieu.

    Voici leurs noms : (du 14 septembre) Otto Dilcke, Taëge (22 ans), un soldat allemand inconnu.

    du 15 septembre : Max Schlutemann.

    du 16 septembre : Emile Schawbe.

     

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    Blois.- Vue sur l’église Saint-Nicolas. L’Hôtel-Dieu.- 6 Fi 18/1566. AD41

     

    La nouvelle arrive à Blois, aujourd’hui, de la mort du lieutenant-colonel Maurice Delagrange, commandant le 251e de ligne, frappé le 29 août, près de St-Quentin, à la tête de son régiment. Le lieutenant-colonel Delagrange, frère de Me R. Delagrange, notaire, était blésois ; sa mort glorieuse rend justement fière et émue sa ville natale.

    Le capitaine Marcel Bonvallet, originaire de Vineuil, ancien polytechnicien, de l’arme du Génie, est mort - également - au champ d’honneur, le 22 août, dans le Luxembourg belge.

    Quelle liste cruelle, hélas ! Non close.

    Devant ces morts, comprenons tous l’immensité de la dette de reconnaissance que nous leur devons, et faisons notre devoir.

    Un scrupule de conscience me revient et je retourne au recrutement me faire inscrire - suivant la demande faite par l’autorité militaire - pour la conduite des voitures automobiles. On m’inscrit et on me dit que je serai appelé lorsqu’on aura besoin de moi. Je m’en vais la conscience tranquille.

    Par « les allées » - avenue de Médicis - la réquisition des autos continue. Mais tout est changé. Un ordre est arrivé, ce matin, enjoignant de ne pas acheter d’autos au dessus de 8 000 f. De sorte que l’auto du colonel Nitot est retournée aux « Terrasses », que de nombreuses limousines sont ajournées, qu’aucune voiture n’est encore partie. Tout est changé. Les chauffeurs qui sont là et ne peuvent s’absenter - parce que l’ordre de partir peut leur parvenir d’un instant à l’autre - se demandent ce qu’ils vont faire.

    Il y a de nouvelles arrivées de voitures, dont celle de M. Cazin, l’aimable maire de Cour-Cheverny. Robert et moi nous rentrons.

    Le soir je vais seul aux Montils, à bicyclette ; à mon retour par la forêt, j’aperçois 2 aéroplanes qui descendent vers le sud, à une grande hauteur ; ils passent au-dessus de moi.