• 13 septembre 1914

    13 septembre

     

    Après la messe de 9 h ¼ à Saint-Vincent nous revenons par le marché, les nouvelles sont meilleures. Les Prussiens sont en déroute complète et abandonnent des canons, des batteries d’obusiers, des munitions, des lettres, des plans d’état-major, etc.

    Des régiments allemands sont anéantis et nous faisons de nombreux prisonniers.

    Le 3e fils du Kaiser est tué[1] : le prince Adalbert de Prusse ; sont tués également les princes Frédéric-Guillaume et Charles de Wurtemberg, cousins. Le châtiment commence.

     

    Adalbert de Prusse

     

    Le prince Adalbert, 3e fils de l'empereur allemand Guillaume II.- Agence photographique Rol.- Gallica.bnf.fr / BNF, département Estampes et photographie, EST EI-13 (396)

     

    Après midi, Berthe, Robert et moi, nous allons par la gare ; il y a foule pour voir passer les trains des blessés ou de prisonniers. On dit, aussi, que des troupes du Canada doivent arriver à Blois, où elles doivent faire séjour.

    Nous attendons longtemps, en rive de la barrière, mais il ne passe ni trains de blessés, ni de prisonniers, ni de Canadiens.

    Nous continuons notre promenade par la rue de la Butte, toujours si belle, si calme, avec ses envolées sur la vallée de la Loire ; à la « rote aux ânes » nous redescendons vers le fleuve ; au niveau du pont du chemin de fer passe un train allant vers Tours, à la fenêtre d’un fourgon apparaît une tête de prisonnier allemand. Triste apparition !

    Nous revenons par la ville, où la foule – venant du pèlerinage des dames au sanctuaire de Notre-Dame-des-Aydes – emplit les rues.

    Le tantôt - avant notre promenade - nous étions allés prier au sanctuaire cher aux Viennois et aux Blésois et recommander, tout particulièrement, nos amis - actuellement à la guerre - à la Mère de Miséricorde et de Salut.

    Notre-Dame-des-Aydes, aidez les, priez pour eux, protégez-les.

    [1] [Il ne s’agit en réalité que d’une fausse rumeur relayée par la presse. Le prince décède en Suisse en 1948.]