• 4 octobre 1914

    4 octobre

    Un radieux temps d’automne.

    Tout au long de la levée de la Loire où nous allons, Berthe, Robert et moi, il fait bon, bon à plaisir. Les peupliers commencent à jaunir sur les bords de la levée des Tuileries, le val de la Chaussée est déjà blondissant. Les pêcheurs sont blottis dans les herbes, au bord du fleuve, ils jouissent de si beaux jours. Le petit cimetière, avec la chapelle de Saint Victor, est caché par les sapins.

     

    192_Fi_00028

     

    [Blois.- La Loire et le pont].- 192 Fi 28. AD41

     

    De l’autre coté du pont du chemin de fer de Romorantin, un ronflement d’aéroplane nous fait lever la tête, mais - malgré nos recherches - soit que l’avion nous soit caché par les nuages ou les peupliers, nous ne voyons rien.

    Voici la Borde, puis Saint-Denis-sur-Loire - avec son château, son église et ses maisons curieusement perchées sur la crête de la colline. Nous cherchons les bains - autrefois renommés - mais nous ne les trouvons pas. Nous revenons par Macé, dans un gentil petit vallon, égayé d’eaux vives ; « mon petit Nice ! » l’appelait madame Muraton, qui - avec M. Muraton - les deux artistes peintres de valeur - avaient passés de si longues années en ce coin bien ignoré et si charmant ; peut-être à cause de cela.

    Sur la grande ligne les trains passent, très nombreux. Nous faisons une halte sur des pierres bordant la grand’ route. Pendant ce temps des autos passent à vive allure, écartant - tout autour - des nuages de poussière. Un aéroplane vient à passer, et - cette fois-ci - nous le voyons : c’est un biplan ; il disparaît - par instants - dans les nuages et réapparait dans des parcelles de ciel bleu.

    Par la route haute de Paris, nous regagnons Blois, où nous arrivons vers 6 heures.

    Par les dépêches nous apprenons que M. Poincaré, président de la République, accompagné de MM. Viviani, président du Conseil et Millerand, ministre de la Guerre, part - ce soir - en automobile - pour rendre visite aux troupes, sur le grand quartier-général. C’est bien là, leur devoir strict et le moins qu’ils puissent faire.