• 30 octobre 1914

    30 octobre

    Voici une lettre de Berthe – datée de Paris, le 29 octobre. J’en extrais ces passages :

                           « Ma chère mère

                              Mon cher Paul

    Nous avons lu avec beaucoup d’intérêt, la dernière lettre de Paul qui nous donnait, hélas !, une nouvelle liste de blessés et de morts connus ; malheureusement ce ne sera pas la dernière car ce doit être tous les jours une nouvelle boucherie qui n’est pas prêt de finir ; du train que tout ça marche je crains bien que les Allemands soient encore en France à la fin de l’hiver… et la suite, après, où ça nous mènera-t-il ?

     

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    Châtres-sur-Cher.- Conscrits de la classe 1915, novembre 1914.- 6 Fi 44/12. AD41

    La classe de 1915 va partir le mois prochain, celle de 1916 au mois de mars ou avril, et celle de 1917[1] suivra-t-elle de près ? C’est ce qu’on ne peut pas savoir ; en tout cas il paraît qu’on va commencer à faire faire l’exercice militaire, pour les préparer, aux classes 1916 et 17.

    J’ai reçu, hier, une lettre de cette dame de Meaux qui est rentrée chez elle ; son mari qui est comme Paul dans les auxiliaires doit passer la révision le 25 novembre et Paul sait-il lorsqu’il la passera. Le petit-fils de Mme Hersant est revenu pour passer la révision comme réformé.

    Nous avons jusqu’ici assez de chance pour nos collègues du bureau, dont plusieurs sont au feu depuis le commencement de la guerre ; il n’y a pas de blessés. Seul un ouvrier de l’usine a reçu un éclat d’obus à la jambe, il a déjà été question de l’amputer, il est soigné à Lourdes.

                             Votre fille et sœur

                           Signé : B. Randuineau »

    D’une nouvelle lettre de M. Riffault, datée d’Orléans du 27 octobre, j’extrais les passages suivants :

    « Demain mercredi je vais avec ma femme voir Vernon qui a eu un frère tué et un autre dont on n’a aucune nouvelle depuis plus d’un mois. Le tué laisse 2 enfants, l’autre n’en a qu’un. Nous avons ici plus de 15 000 Indiens, Écossais et Anglais, il en part tous les jours, mais ils sont remplacés par d’autres à mesure qu’ils débarquent. C’est admirable de voir leurs voitures, chevaux et équipements, ils sont fiers de venir se battre à côté des Français. »

    Une mauvaise nouvelle arrive à Blois : Maurice Brosset, facteur de pianos, rue Beauvoir, fils de M. Brosset, organiste de la cathédrale, parti le 2 octobre, a été tué sur le front en Argonne, ces temps derniers. Il faisait partie du 313e ; il laisse une jeune femme, avec 4 enfants, dont le plus jeune a 15 jours ! C’est navrant !!

     

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    Blois.- Maison-Mère des Franciscaines, Servantes de Marie.- 6 Fi 18/1727. AD41

     

    Dimanche dernier, 25 octobre, est mort chez les Servantes de Marie, le bon abbé Marmasse, doyen du chapitre, chanoine, supérieur des servantes de Marie, rappelé à Dieu dans sa 83e année. C’est un saint prêtre qui disparait ; un bon chanoine, de couleur personnelle, de terroir tout particulier qui nous quitte. Nous le regretterons.

    [1] Classe de Robert.