• 3 octobre 1914

    3 octobre

    Je reçois les 2 cartes suivantes de Mgr Bolo, le bon et dévoué aumônier militaire du « Jules Michelet » ; elles sont datées et mises à la poste de Marseille.

    L’une représente la basilique de N.D. de la Garde, avec le sceau de la basilique ; la partie réservée à la correspondance porte :

    « De N.D. de la Garde

    30 sept. 14

    HB. »

    L’autre représente le « Jules Michelet » croiseur de 1ère classe ; la partie réservée à la correspondance porte :

    « Quand le bâtiment va, tout va !

    Bible des architectes,

    chap. I vers. 20

    L’aumônier ».

    C’est bien là le bon et si spirituel prélat ! Comme il est bon de penser ainsi à moi.

    Je reçois - d’autre part - la lettre suivante de monsieur Edmond Riffault, propriétaire au château de Mont-Désir, par Saint-Jean-de-Braye (Loiret). Je lui ai écrit pour avoir de ses nouvelles et de celles de son fils le capitaine, blessé en Lorraine, mais avec les lenteurs de la poste, je vois par la lecture de sa lettre qu’il n’a pas encore la mienne.

     

    4_0-30fi-240[1]

     

    Saint-Jean-de-Braye.- Vue d’ensemble, 1900-1920.- 30 Fi 240. AD45

     

     

                                          « Mont-Désir

    29 7bre 1914                           St Jean de Braye (Loiret)

             Mon cher monsieur Legendre

    Que devenez-vous - parcourez-vous encore les routes avec votre voiturette pour faire les approvisionnements de l’armée ?

    Quant à moi, tout à fait guéri de mon opération, je serais presque redevenu jeune, si une nouvelle infirmité de vieillard n’était survenue. J’ai la goutte et marche fort péniblement ; aussi mes vendanges que j’ai commencées hier, vont s’en ressentir ; faute de l’œil du maître.

    Mon fils a été radiographié, la balle a traversé l’humérus, près du genou, ni muscles, ni veines ne sont atteints ; mais il a un épanchement de synovie qui sera long à guérir. Il est admirablement soigné par la Croix-Rouge à Albi, où nous avons un cousin, directeur de la Banque de France, qui va - avec sa femme - le voir tous les jours.

    René Jolain est caporal instructeur au 113e à Blois, mais il va partir pour Cercottes ou le Ruchard.

                                          Amitiés

                                          Signé : E. Riffault. »

     

    4_0-30fi-38-2[1]

     

    Camp militaire de Cercottes, 1900-1920.- 30 Fi 38. AD45

     

    Je souhaite au bon monsieur Riffault et au capitaine Charles Riffault de meilleures santés. Je reprends l’état civil des ambulances de Blois :

    le 28 septembre : Pierre Delhomme, 30 ans (Sainte-Geneviève) ; Aimable-Louis-Désiré Leclerc, 33 ans (École normale des institutrices) ; Émile-Jules Fraudeau, 26 ans (rue Franciade).

    Le 29 septembre : Jules-Émile Mauny, 26 ans (collège).

    Le 30 septembre : (à partir de ce jour l’état civil relate le régiment du défunt et son grade ; c’est mieux) Prosper-René-Magloire Chavigny, 39 ans (soldat au 39e régiment territorial à Blois - à son dépôt, rue des Jacobins ; ce soldat n’est pas blessé et n’est pas allé à la guerre, il est mort naturellement d’une embolie). Louis Henry, 23 ans (soldat au 126e régiment d’infanterie) Hôtel-Dieu.

    Soldats allemands :

    Le 28 septembre : Victor Lambourg, 22 ans ; le 1er octobre : Hermann Muller, 23 ans (soldat au 92e régiment d’infanterie allemande).