• 25 octobre 1914

    25 octobre

    Depuis la prise d’Anvers le gouvernement belge s’est transporté au Havre, où il résidera jusqu’à ce que le sol de la Belgique soit redevenu libre, jusqu’à ce que le dernier Prussien ait quitté ce sol héroïque qu’il souille de sa présence. C’est un honneur pour la France !

     

    belge_au_Havre

     

    Officiers belges au Havre.- Agence photographique Rol.- BNF, département Estampes et photographie, EST EI-13 (389)

     

    À partir d’aujourd’hui le gouvernement défend aux journaux de publier les noms des blessés et des morts de la guerre. C’est ridicule, et d’un ridicule que rien n’excuse. Quel danger cela faisait-il courir à la France ? Blessés et morts tomberont glorieusement en silence, et défense sera faite, ou plutôt est déjà faite de connaître leurs noms, de les exalter, de prendre exemple sur eux. Comme les feuilles d’automne – dont je chantais la beauté hier – ils tomberont silencieusement et devront – par ordre – rester ignorés.

    C’est une guerre de secrets. Nous allons de secrets en secrets. Défense de connaître les opérations avant (cela je le comprends), défense de connaître les opérations après (cela je ne le comprends pas), défense de connaître les blessés et les morts (cela je le comprends encore moins et je trouve cette mesure odieuse).

    Défendre de glorifier ceux qui donnent leur vie et de connaître leurs noms !...

    Je n’insiste pas. Aucun journal ne récriminera – et pour cause ! – mais moi qui ne suis pas soumis à la censure, je dis ce que je pense.