• 23 octobre 1914

    23 octobre

    La victoire de l’Aisne est achevée et elle porte un autre nom. Elle se continue vers le nord et elle est achevée. Tout cela est parabolique. Elle est achevée et elle continue ; elle porte le nom de bataille de l’Aisne et elle porte un autre nom ! On dit «  à la victoire » soyons prudents et attendons.

    J’avais dit que je reviendrais sur l’installation des pensions blésoises :

    -          Le collège fait ses cours au théâtre, dans la salle de dessin (derrière le théâtre), et dans la salle des répétitions de musique. Où les pensionnaires couchent-ils et mangent-ils ? Je l’ignore.

    -          L’École Normale des instituteurs a transporté ses cours dans les bâtiments de l’évêché ancien, donnant sur la rue Porte Clos-Haut n° 1, les élèves prennent leurs repas et couchent en ville chez des particuliers.

    -          Notre-Dame-des-Aydes et le cours Saint-Louis fait ses cours rue Chemonton, n° 11, et ses études même rue, au Cercle catholique ; certains cours de Saint-Louis restent rue Franciade ; les cours des petits se font à Sainte Marie, rue du Bourg-Neuf n° 20. Les pensionnaires prennent leurs repas et couchent au grand séminaire, rue de Berry.

    -          L’école supérieure de filles fait ses cours à la Chambre de commerce, avenue Gambetta et les pensionnaires couchent (et prennent aussi leurs repas, je crois bien) au 1er étage de l’hôtel Pernet, quai de l’abbé Grégoire.

    -          Les écoles communales ne sont pas rentrées.

     

    6_Fi_018_01675 [1600x1200]

     

    Blois.- Vue extérieure du monastère des Ursulines, [rue du Bourg-Neuf].- 6 Fi 018/1675. AD41

     

    Que d’allées et venues pour les pensions, pour aller d’une classe dans une autre.

    C’est très curieux.

    Je reçois la lettre suivante des braves gens réfugiés de Meaux, que j’ai placés au château de Clénord.

    « Château de Clénord, le 20 octobre 1914

    Monsieur et cher bienfaiteur

    Daignez d’abord nous permettre de vous souhaiter bonne santé, ainsi qu’à votre bonne famille et vous exprimer toute notre gratitude inoubliable. Et veuillez nous permettre de nous adresser encore une fois à vous.

    Les travaux de culture prenant fin je désirerais trouver quelque chose de plus rémunérateur à Blois pour ne pas être trop à charge à Madame la Comtesse, et elle vous prie de tâcher de me faire entrer à la chocolaterie Poulain, vu mes connaissances dans l’industrie sucrière je pourrais m’y rendre très utile et peux fournir de très bonnes références.

    Confiant dans votre succès, je vous remercie très sincèrement à l’avance et y joins tous ceux de la famille.

                                  Votre très reconnaissant

                                   Signé : Lefèvre Delaux, chauffeur

                 réfugié, château de Clénord par Cellettes (Loir-et-Cher) »

    Je veux bien, encore, m’occuper de ces pauvres gens, mais espèrent-ils donc rester dans la région ? C’est qu’à Clénord, où ils sont, le local sert à la rentrée des récoltes et des plantes pour l’hiver, et puisque les Prussiens ne sont plus dans la région de Meaux, il me semble qu’ils pourraient quitter Clénord et rentrer chez eux à Meaux ! Il ne faut pas abuser de la bonté et de la charité des gens.