• 11 octobre 1914

    11 octobre

    Ce matin - avant de partir pour la messe - je reçois une carte postale de monseigneur Bolo, représentant « l’Edgar-Quinet, croiseur de 1ère classe », elle a été mise à la poste à Ferryville (Tunisie), elle porte la correspondance suivante :

    « de Bizerte

    Envoyez-moi et quêtez tous les journaux lus que vous pourrez, pour mes matelots : Ernest-Renan, Waldeck-Rousseau, Edgar-Quinet, Jules-Michelet, ce sera de la Marine ! 

    Bien affectueusement

                                      H. B. »

    La partie réservée à la photographie porte le timbre « Marine nationale, service à la mer ».

    Ce sera, avec une vraie joie, que j’enverrai aux matelots de Mgr Bolo, des journaux et brochures ; j’ai de quoi faire pour les satisfaire à ce sujet.

    Pendant les longues journées de calme plat, les cuirassés immobiles sur la mer, ces braves matelots seront heureux de se divertir et de « tuer le temps ». Je vois, par la pensée, Mgr Bolo arrivant sur l’un ou l’autre des croiseurs confiés à sa spirituelle direction, les poches bourrées de journaux de France ! Ce sera la manne… à la mer ! Ce sera de la joie ! D’autant, qu’avec les journaux, Mgr Bolo, ne manquera certainement pas de distribuer de la joie communicative et des mots si bons, si aimables, si accueillants, dont il a le secret : Quelle fête ce sera, à bord, ce jour là !

    Après-midi, Berthe, Robert et moi, nous allons par les Ponts-Chartrains, Vineuil – où nous voyons des maisons qui ont été brûlées, hier, par un incendie ; celles du boucher et du boulanger, proches de l’église. Nous entrons dans l’église, les vitraux – du côté des maisons incendiées – sont détruits par le feu ; il était temps. Nous continuons notre promenade par le cimetière de Vineuil, les Noëls, la gare ; revenons par la Haute-rue et Pimpeneau.

     

    6_Fi_295_00010 [1600x1200]

     

    Vineuil.- Château de Pimpeneau.- 6 Fi 295/10. AD41

     

    Les vignes, les maïs, les luzernes sont gelés ; il a vraiment fait froid ces nuits dernières. Il y avait, dit-on, de la glace ce matin. Cela se voit. Comme les pauvres soldats qui couchent dans les tranchées, dehors, doivent avoir froid ! Déjà les maladies vont pleuvoir sur eux, et on signale de la dysenterie. Hélas !

    En rentrant nous trouvons une dépêche de mon beau-frère : Arthur « Rentrée arts lundi 19. Arthur » !... « Rentrée des arts le lundi 19 octobre » ! Cette annonce éclate comme un boulet de canon. Berthe décide de partir mercredi prochain, afin que les quelques jours qui suivront servent à achever les préparatifs utiles, à la rentrée de Robert. Et Berthe et Robert qui espéraient rester encore – au moins – jusqu’à la Toussaint. Et nos promenades que nous devions faire encore en, forêt, à Marcilly, à Bracieux, à la Chaise, à Oucques, à Romorantin, à Tours ! Envolées ! Comme Perette nous disons «  adieu, vaches, cochons, poules, poussins, couvées ! ». Rentrée des arts le 19 octobre !...