• 28 novembre 2014

    28 novembre

    J’apprends la mort de M. l’abbé Tesseraud, professeur à l’école Notre-Dame-des-Aydes, tué à Ypres [Zillebeke], le 1er novembre. Je me souviens l’avoir vu passer en gare de Blois, alors qu’il se rendait au front. C’était au début d’août, son train était pavoisé de drapeaux, de feuillages, de fleurs et de patriotiques inscriptions ; il faisait une chaleur torride et tous les soldats de son régiment – lui aussi – était en chemise dégrafée, à leur aise, en pantalon rouge, les bretelles pendantes, ruisselant de chaleur, prenant d’assaut les fontaines et le buffet. Le pauvre abbé ! Je le vois encore, dans cette tenue, un seau de toile à la main, il vint nous parler, à M. Arnol et à moi, et lorsque le clairon sonna, vite il alla emplir son seau à la fontaine et, à toutes jambes, à travers les voies couru retrouver le train pavoisé qui l’emmenait vers… l’éternité. Pauvre abbé ! Il est passé ici-bas juste le temps de se préparer à la vie éternelle. Je ne l’oublierai pas dans mes prières.

    Un bon garçon, Philippe Galichet, peintre à Orléans, ancien peintre à Onzain, père de 3 petits enfants, a été tué ces temps derniers sur les lignes ennemies. Pauvre Philippe ! Il avait fait partie – je me souviens – de la « Jeunesse Catholique » au temps de ses débuts si pénibles ; au temps où avec les amis d’Amécourt, Doliveux et quelques autres, au temps du bon et toujours regretté Abbé Roux – qui, comme ancien curé d’Onzain, connaissait et aimait bien Philippe Galichet. C’était – en ces temps héroïques – un bon représentant du groupe d’Onzain. Le voilà mort au champ d’honneur !

     

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    Onzain.- Vue générale.- 6 Fi 167/2. AD41

     

    La mort de Jean Leproux, moniteur de l’Avant-garde viennoise, annoncée, puis démentie, est officiellement confirmée cette fois. Pauvre Jean ! Je me souviens de son départ pour le régiment. La veille, c’était un dimanche, nous avions arrosé son entrée dans l’armée et c’était moi qui avait payé la galette. Comme il était heureux de partir. Hélas ! Il était revenu heureux aussi, s’était marié, et 6 mois après, seulement, la patrie l’appelait ; il partait laissant les siens, son beau-frère mourant, l’aurore d’un berceau rempli de joyeux cris, une jeune femme, il partait….pour ne plus revenir.

    Que de tristesses ! Et que de vides autour des foyers !! Que de pleurs et de soupirs !!!...

    État civil de la semaine dans les ambulances :

    Le 20 novembre : Messaoud Ben Nacer Ben Redjem Mohamed, 21 ans, soldat au 3ème régiment de tirailleurs algériens (rue Franciade).

    Le 26 novembre : Albert Dubois, 32 ans, soldat au 279ème régiment d’infanterie (collège). Martin-Alphonse Longuet, 40 ans, soldat au 39ème territorial (Hôtel-Dieu).