• 14 mars 1915

    14 mars

    Ce tantôt je fais sortir Charles pour la dernière fois. Je vais le chercher à l’ambulance à midi. Nous allons à Sainte-Geneviève voir un ami de Charles, des fusiliers marins comme lui, le quartier-maître Gallon ; arrivé à Sainte-Geneviève – en même temps que lui, le 11 janvier – et atteint de la fièvre typhoïde comme lui ; j’ajouterai qu’il est très gentil, comme lui, et qu’il est très sympathique, comme lui ! Décidément ! Il est hospitalisé salle 24 (infirmières : Mme Abat et Melle Marthe Gaudin). Nous l’invitons à sortir avec nous, mais il attend, justement, un jeune sergent- ami d’ambulance – qui – très prochainement – doit être ordonné prêtre.

    Nous quittons Sainte-Geneviève et allons chez Mme la Colonelle Gérardin[1], chez Melle Barbier[2] – infirmières dévouées à l’ambulance et qui ont témoigné à Charles – pendant son séjour – de l’attachement. Nous sommes bien reçus et laissons une photographie du cher fusilier ; elle est accueillie avec joie et reconnaissance. Nous allons, aussi, faire visite à ma Sœur Marcelle[3], où nous laissons une photographie ; la bonne Sœur est bien heureuse. Nous y rencontrons d’anciens infirmiers de l’ambulance : Bridier, Trémoulet, mis dans le service armé et qui partent demain pour le front.

     

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    En manœuvres.- Service des infirmiers.- 6 Fi 308/5. AD41

     

    Nous venons goûter à la maison. Charles remet une photographie à maman, et nous rentrons à l’ambulance. En ville nous rencontrons le quartier-maître Gallon, qui se promène avec son ami le sergent ; nous nous arrêtons ; les gens curieux s’arrêtent autour de nous. Les fusiliers marins ! Les uns épèlent à haute voix l’inscription de leurs bérets : « Pre-mier-ré-gi-ment-de-ma-rins ! », les autres disent que ce sont des marins de l’infanterie de marine. Les gens s’attroupent ! Allons-nous en, car, si cela continue, la foule va intercepter la circulation.

    Nous rentrons à l’ambulance. En arrivant on nous dit que des malades sont arrivés et mis à la salle 3. Mais mon « petit » va à la soupe, et en le quittant, je quitte l’ambulance et rentre à la maison.

    Le soir, après dîner, je vais à la cathédrale au Salut de Saint Joseph. Il y a beaucoup de monde.

    [1] Route basse de Paris, n° 6

    [2] quai Saint Jean, n° 24

    [3] rue du Point-du-Jour, n° 4 bis