• 13 mars 1915

    13 mars

    Paul Robert m’écrit de La Couronne :

    « … Nous avons eu la visite du major mercredi dernier, il m’a dit “Je vais vous envoyer à Angoulême pour suivre un traitement ; je ne sais pas au juste quel résultat ça donnera mais, en tous cas, cela ne pourra vous faire que du bien.” et j’attends l’ordre de me rendre de nouveau à Angoulême, après quoi j’espère bien avoir une convalo pour aller te voir mon cher Paul et passer q.q. bons moments avec toi… »

    Ce soir je vais à l’ambulance. Mon petit Charlot me donne un superbe bouquet de violettes qu’il a cueillies dans le jardin de l’ambulance, pour maman. Je lui remets les photographies de lui 1°en grand’ garde, 2° en éveil ; de nous deux, 3°les deux bons amis ! Ce sont de vraies œuvres d’art. Il est enchanté et moi aussi. Quel précieux souvenir ! Je quitte mon petit marin en lui disant : « à demain ! », dernier jour où je le ferai sortir.

    Le cher enfant n’a jamais connu les douceurs et un rien lui fait grand plaisir.

    « à demain ! – à demain !! »

    M. l’abbé Paul Danger, curé de Courbouzon, aumônier militaire volontaire a été cité à l’ordre du jour par le général de Castelnau :

    « L’abbé Paul Danger, aumônier volontaire au groupe des brancardiers de la 28e division, a fait preuve d’un grand sang-froid en se portant de sa propre initiative au secours d’officiers et canonniers d’une batterie voisine éprouvée par un tir violent d’artillerie dans la journée du 1er décembre 1914 ; a coopéré au transport des blessés dans les circonstances les plus périlleuses. »

    Bravo et félicitations au brave abbé Danger, un blésois !

    État civil de la semaine dans les ambulances :

    Du 5 mars : Paul, [Emile] Saboureau, 33 ans, soldat au 4e régiment d’infanterie coloniale (Sainte-Geneviève).

    Du 10 mars : Félix, [Pierre] Vallet, 21 ans, soldat au 113e (Hôtel-Dieu).

    Ces temps derniers sont décédées deux personnes justement estimées : Melle Léonie Souriau, décédée à Bourré (Loir-et-Cher) et M. Edgard Domet, décédé à Orléans (Loiret), tous les deux à un âge assez avancé.

    Je me souviendrai de l’amicale hospitalité qui m’était offerte au Coteau[1], où Melle Léonie et le vénérable abbé Mangot[2] me recevaient à bras ouverts. Je garderai le souvenir du maire de Sambin que fut, pendant de si longues années, l’excellent M. Domet.

     

    6_Fi_233%00001

    Sambin.- La rue principale.- 6 Fi 233/1. AD41

     

    Passer dans la vie en faisant le bien, c’est laisser le sillage le plus ineffaçable le plus précieux qu’il soit et c’est le principal, parce que Dieu en tient compte.

    [1] propriété de Melle Léonie Souriau, à Bourré

    [2] ancien curé de Bourré, pendant de longues années. Très grand ami du R.P. Monsabré, l’illustre orateur de Notre-Dame-de-Paris.