• 10 mars 1915

    10 mars

    Paul Robert m’écrit de La Couronne : « Qu’il va aussi bien que possible ! » Tant mieux.

    Voici trois autre cartes qui m’arrivent à la fois d’un autre Paul ; Paul Verdier. Avec moi cela fait 3 Paul. Le trio des Paul quoi !

    Voici une carte représentant « Remoulins ; le pont du chemin de fer et le Gardon »

    « Dimanche soir 7 mars 7 heures »

    Mille bonnes amitiés

    Je déguste en roulant ton bon thé, ton bon sucre, tes bons gâteaux ; le chocolat est pour le matin. Filons à Agde et remontons à Rodez : Signé : Paul »

    Déguste !

     

    distribution café train

    Distribution de cafés chauds aux blessés.- Agence photographique Rol.- BNF, département Estampes et photographie, EST EI-13 (405)

     

    En voici une autre représentant «  Montpellier. Cathédrale Saint-Pierre ».

    « 7 mars – 9 h du soir – en gare

    Bonnes amitiés, à bientôt de tes nouvelles. Signé : Paul Verdier »

    Enfin une troisième représentant « Béziers ».

    « Béziers, 8 Mars 1915 

    Mon cher Paul

    Je t’ai envoyé quelques cartes lors de ce voyage d’évacuation. Nous devions rester à Montpellier mais, au dernier moment, hier soir à 9 h – on nous expédia vers Agde, Cette. Mais le train allait si lentement que fatigués d’attendre à la station, je me couchais et je me réveillais à Béziers à 3 h 1/2. Une partie du train resta ici (mon wagon de 1ère aussi) et les 28 autres wagons partirent pour Rodez. Quel circuit !

    J’étais content de rester ici ; car ce me permit de visiter la ville ; cette ville a un aspect moyenâgeux, avec sa cathédrale, genre château-fort, hôtel de ville, etc. mais rues horriblement mal pavées avec des pavés pointus, si bien que ce soir j’ai les pieds en feu et éreintés. Nous n’attendons plus que le retour, demain, du train qui nous prendra à son passage ici. J’ai fait réparer la portière de mon compartiment, dont la glace a été brisée et les châssis démolis, je dormais quand même, malgré le grand vent et la pluie, et le froid. J’avais bouché tant bien que mal la porte avec un couvre-pied, et ce soir ce sera pire, car les ouvriers ont enlevé la portière complètement pour la réparer, et ont mis à la place des grandes toiles, et ce soir il fait un vent glacial, je grelotte. On ne se croirait pas à Béziers, dans le midi.

    Le vin n’est pas cher : 2 et 3 sous le litre. Je déguste toujours tes bonnes friandises qui me font un bon dessert. Je suis très fatigué ce soir n’ayant pas bien dormi avec ces arrêts et coups de tampons brusques.

    Bonne santé, mon cher Paul, mes compliments à ta mère et bonnes amitiés. À bientôt !

    Signé : Paul.

    Nous ne savons rien de la guerre, vu que nous n’allons plus charger aux gares du front ; les blessés, seuls, peuvent nous instruire, mais il y a si peu de vrai dans ce qu’ils disent ! »

    Ah ! Ah !! Pourtant !...