• 14, 15 et 16 juin 1915

    14, 15 et 16 juin 1915

    [14 et 15 juin] Nous recevons de Candé une jolie carte représentant les accordailles au pays du Berry :

    « Remerciements et bonnes amitiés de tous à tous. Marthe, A. Revault. »

    Puis le bon M. Riffault m’écrit d’Orléans :

    « Cher monsieur Legendre.

    Je vais m’installer après-demain mardi, à Mont-Désir (Saint-Jean-de-Braye) car il fait trop chaud en ville, et puis il faut que je mette ma propriété en état, car mes 2 jardiniers sont au front, et je n’ai qu’un journalier que je suis obligé de guider au jour le jour.

    Et vous, cher monsieur, vous êtes toujours aussi dévoué pour nos pauvres blessés, je vous admire.

    Mon fils est avec nous jusqu’au 25 Juillet, il boîte encore un peu, mais ne souffre pas : c’est l’articulation du genou qui ne fonctionne pas encore bien.

    Le jeune Jolain[1] est enchanté d’être au front.

    Agréez, mon cher monsieur, l’expression de mes sentiments d’amitié.

    E. Riffault »

    Le bon René Daveau, qui était à Tours hier, m’envoie de Saint-Avertin 2 jolies cartes.

    Sur l’une : « Amitié de Tours. Arrivé à bon port et départ de même. René. »

    Sur l’autre : « Candé les guernouilles. Je suis à Saint-Avertin, nous voyons M. Saint-Martin, nous prenons le beau train, pour revenir pas en vain, dans le pays de Blois les trains.

    Le neveu n°3. René »

    Le joyeux farceur !

    Je reçois – aussi – une lettre d’Hyppolite Labaye, de Cellettes – pour affaires ; il était en Seine-et-Oise, le voici maintenant en Meurthe-et-Moselle.

    Léon Courtioux toujours dans l’Hérault m’envoie une jolie carte « Saint-Gilles-du-Gard.- La Vis ».

    « Bon souvenir et affectueux bonjour de Saint-Gilles, mes amitiés à Mme votre mère. L. Courtioux »

    Le bon Léon est un heureux veinard, car s’il a l’ennui d’être absent de chez lui, il a la chance d’être loin du front et de voir un joli pays et de jouir d’une belle température, et de boire du bon vin.

    L’Hérault ! Le Gard !! Pays aux vins renommés.

    Hier je n’ai pas reçu de lettre de Charlot, mais hier c’était dimanche, il n’y a qu’une distribution, cela ne m’a pas étonné ; mais, cependant j’espérais en avoir ce matin. Or je n’ai rien eu ce matin, et je n’ai rien ce soir. Ce sera pour demain sans doute, car Charles m’écrivait tous les jours, jusqu’à samedi dernier.

    Ce soir je vais à l’ambulance. Je veille toute la nuit à la salle 2. La nuit se passe calme, sans rien de particulier ; les fenêtres restent ouvertes.

    Gouard va toujours – à mon avis – bien faiblement. Pauvre jeune homme ! Le voilà cloué sur son lit pour de longs mois.

    Après-midi ce soir, mardi, vers 3 h 30, Robert et moi, nous allons aux Montils et à Candé, à bicyclette, aller et retour par la belle, la toujours belle allée de Seur. À Candé toute la famille Daveau est sortie, mais l’aimable madame Revault est là avec sa nièce, Melle Marthe, et nous reçoit.

    Les photographies que nous lui remettons, faites par Robert, sur « les Otages »[2] et « les dernières Cartouches »[3] à Candé, provoquent la joie.

    Encore aujourd’hui pas de nouvelles de Charles.

     

    29_Fi_01217

    Saint-Cyr-du-Gault.- La Mairie.- 29 Fi 1217. AD41

     

    [16 juin] Après-midi je vais en auto – avec M. Fandeux – à sa ferme de la Poistière, commune de Saint-Cyr-du-Gault (aller et retour par Molineuf, Herbault, Saint-Etienne-des-Guérets).

    Les Russes ont fait un mouvement en avant. On dit une victoire, 6 500 prisonniers !!

    Les Italiens vont bien et avancent.

    Sur le front des Flandres, les Prussiens massent des armées, veulent foncer sur ce point. Hélas ! C’est l’endroit où se trouve mon Charlot.

    Encore aujourd’hui pas de nouvelles de Charles.

    Lui qui m’écrivait tous les jours ! Cela fait quatre jours sans nouvelles !...

    Je l’écris à Candé. Tout cela est très angoissant.

    [1] Son petit-fils.

    [2] Le groupe représente Melle Jeanne Daveau, moi, René Daveau et Melle Marthe Lespagnol.

    [3] Même groupe. Les titres sont par allégorie.