• 2 janvier 1915

    2 janvier

    En réponse à une de mes lettres l’excellent Monsieur Clairin[1], m’écrit entre autres choses :

    « 6 bis, rue de l’abbaye.

    Mon cher monsieur Legendre

    Je vous remercie de votre bonne lettre qui nous a fait à tous un bien grand plaisir, et j’ai regardé – avec attendrissement – les vues de ce charmant pays[2] où je voudrais bien être encore… à Paris nous menons une vie bien tranquille et triste. J’ai déjà perdu tant d’amis ! Ils ont eu la plus belle mort qu’un soldat puisse avoir. Il faut espérer que bientôt on les reconduira chez eux, ces assassins, ces brutes !... »

    Le bon M. Clairin ! voici, aussi, ce matin, une carte qui me vient du front, de M. l’abbé Allégret, curé de Courmemin.

    « 27 Décembre 1914

    Monsieur

    Je vous remercie des félicitations que vous m’envoyez par monsieur le curé de Mur et je suis bien sensible au bon souvenir que vous gardez du curé de Courmemin. Mais je crois qu’on a donné beaucoup trop de publicité à un fait bien commun en temps de guerre, surtout pour un infirmier dont la vie n’est pas journellement en danger comme celle d’un combattant. Permettez-moi aussi de vous offrir mes meilleurs vœux de bonne et sainte année et de recommander à vos bonnes prières. Daignez agréer, monsieur, l’expression de mes respectueux sentiments. Signé : A. Allégret. »

     

    6_Fi_068_00010 [1600x1200]

    Courmemin.- La Poste et l’entrée de l’église.- 6 Fi 68/10. AD41

     

    Le bon curé de Courmemin appelle « un fait bien commun » se sacrifier pour les blessés et « donner –dit la citation du général Lefebvre – l’exemple du plus grand dévouement » à tant de mérites l’abbé Allégret ajoute la modestie et l’humilité.

    Ce même jour une carte-lettre représentant « l’aspect d’une chapelle latérale de la Cathédrale de Soissons, après le bombardement par les Allemands » me parvient du brave René Labbé 

    « 28 Déc. 1914

    Cher monsieur Paul

    J’ai appris, avec tristesse, votre accident d’automobile ; j’espère que vous allez mieux. À l’occasion de l’année qui va bientôt s’ouvrir, je vous adresse, du front, mes meilleurs vœux de bonheur pour et les vôtres. Je vous souhaite un prompt rétablissement. Il fait un bien triste temps, de l’eau, toujours de l’eau. Puisse 1915 nous amener des jours meilleurs, puisse la France devenir victorieuse de cette terrible épreuve. Ce sera très long. Les retranchements allemands sont formidables.

    Croyez, cher monsieur Paul, à ma très vive et très sincère amitié.

    Signé : R. Labbé.

    Écrivez toujours même adresse en ajoutant : secteur postal n° 34. »

    État-civil de la semaine dans les ambulances :

    26 décembre : Joseph-Jules At, 33 ans, soldat au 113e régiment d’infanterie (Hôtel-Dieu). – Armand-Louis Gouin, 26 ans, soldat au 117e régiment d’infanterie (Hôtel-Dieu).

    28 décembre : Robert Edin, 19 ans, soldat au 113e régiment d’infanterie (Hôtel-Dieu).

    [1] Capitaine de Cavalerie retraité, ancien propriétaire du château des Terrasses (anciennement Saint-Louis) à Chambon.

    [2] Chambon (L.-et-C.)