• 18 janvier 1915

    18 janvier

    Robert nous écrit qu’il est habitué à sa nouvelle existence et qu’il est au comble de ses désirs. « C’est son rêve ! » Nous dit-il. Allons tant mieux ! Mais j’avoue que ça n’aurait pas été le mien. Chacun son goût.

    Ce matin – à 10 heures – je vais, à la cathédrale – au service solennel célébré pour le repos de l’âme du colonel Gérardin, colonel du 113e de ligne, et pour le repos de l’âme de son fils, le lieutenant Gérardin ; tous les deux tombés pour la France.

    L’église est tendue de deuil et rehaussée de drapeaux tricolores ; sur le catafalque sont déposés l’uniforme et les épées du vaillant soldat. La cathédrale est entièrement remplie des soldats de la garnison ; les autorités civiles et militaires sont aux premiers rangs. Le grand orgue alterne avec les chants. La messe est célébrée par M. l’archiprêtre, qui donne l’absoute. Mgr l’évêque est absent de Blois et marque son absence regrettable.

    Lorsque la foule s’écoula – à la sortie – pour saluer madame Gérardin, la femme de cœur, si vaillante et si forte, d’un dévouement que rien n’abat et sans limites, le grand’orgue fit entendre la page si belle rappelant « la Marseillaise » à cette patriotique et douloureuse cérémonie, l’effet était très impressionnant et d’une saisissante beauté.

    Au-dehors – la neige tombait dru, en flocons serrés et épais, mais elle fondait en tombant sur le sol.

     

    convoi funèbre

    Convoi funèbre.- Agence photographique Meurisse.- BNF, département Estampes et photographie, EI-13 (2691)