• 15 janvier 1915

    15 janvier

    Un brave homme, M. Roullet, entrepreneur de menuiserie, à Neung-sur-Beuvron, m’écrit : « Étant mobilisé à la garde des voies ferrées depuis le 14 décembre, à la gare de Vouzon, mon frère[1] est toujours sur le front contraint à la dure vie des tranchées, il s’y porte toujours bien. »

    Je vais ce matin à un service solennel célébré à Saint-Vincent pour le repos de l’âme de M. l’abbé Gantier, professeur à Notre-Dame-des-Aydes, mort au service de la patrie à l’ambulance de Villers-Cotterêts. La messe est célébrée par Mgr l’abbé Montagne, directeur de l’école ; les chants sont exécutés par les élèves ; au grand orgue, M. l’abbé Waltisperger, professeur d’allemand chante le Dies Iae. L’église est remplie d’une foule émue. Avant l’absoute, M. le vicaire général Montagne prononce une touchante allocution. L’absoute est donnée et les assistants se retirent émus.

     

    6_Fi_306_00075

    Prisonniers Allemands blessés devant une ambulance Anglaise de Campagne.- 6 Fi 306/75. AD41

    De mauvaises nouvelles nous arrivent de la région de Soissons. Nous avons été obligés de nous replier, en raison de la crue de l’Aisne, laissant des canons que nous avons rendus inutilisables. Nous avons fait des prisonniers allemands, mais nous avons eu des blessés qui ont été faits prisonniers. En outre Soissons est bombardé horriblement et va subir le sort de Reims, de Louvain, d’Arras. C’est terrifiant !

    [1] entrepreneur de peinture à Neung-sur-Beuvron