• 6 décembre 1914

    6 décembre

    Il me semble que je vais un peu mieux, déjà. J’observe les prescriptions du Docteur, je ne sors pas et prends le repos obligatoire. Mais j’ai toujours la langue enflée. C’est ce qui me gêne le plus ; je crois bien que je ne peux pas manger, et je suis obligé de m’alimenter avec du lait et du bouillon seulement !

    Les nouvelles de la guerre sont stationnaires « Rien à signaler » dit le communiqué ; faisons en autant.

    Voici une lettre datée du 22 novembre 1914, que je reçois seulement, de M. Martineau[1]). Un brave homme !

    « Monsieur Legendre

    Je vous remercie sincèrement de l’intérêt que vous m’avez toujours porté et que vous continué [sic] à témoigner à ma famille en mon absence en ayant après bien des démarches fait donner un accompte [sic] sur les travaux exécuté [sic] chez Mr. Riffault. Je comprends très bien votre désillusion de n’avoir pu vous faire admettre dans un service quelconque mais vous connaissant je suis certain que vous ne demeurerez pas inactif et que vous trouverez toujours le moyen de vous rendre utile. Je crois cependant que vous allez être appelé car je viens d’apprendre que les hommes de l’armée auxiliaire vont passer une visite et seront suivant leur santé verser [sic] dans le service actif. Je désire que vous soyez de ceux-là. Quoique la vie en Campagne soit bien dure surtout l’hivert [sic] pour ceux qui n’y sont pas préparé.

     

    016 - 1_J_476

     

    Carte patriotique.- 1 J 476/16. AD41

    Pour moi je suis toujours solide toujours le même[2] je fais dans la vie militaire ce que j’ai toujours fais [sic] dans le civil du bon travail[3] et je ne suis pas facile à décourager[4] malgré bien des déceptions je reste toujours énergique et solide à mon poste.

    Je suis toujours dans le département de la Meuse département que je n’ai guère quitté depuis que nous sommes en campagne que de désastres que de ruines. Pauvre pays et pauvres gens[5]. C’est une chose terrible que la guerre sans s’occuper des pertes en toute chose j’ai eu les premiers jours de bien mauvais moments à passer en voyant les premiers champs de bataille maintenant j’y suis fait c’est presque de l’indifférence en voyant les morts et les blessés.

    Je vous laisse cher Monsieur en désirant que suivant votre désir vous puissiez être incorporé et prendre du service actif.

    Recevez cher Monsieur l’assurance de mes sentiments respectueux

                                      Signé : E. Martineau[6] »

    [1] entrepreneur de plomberie, rue Vieux-Pont, 25

    [2] le brave M. Martineau !

    [3] Bravo !!

    [4] Bravo ! Bravo !!

    [5] Brave cœur !

    [6] Il est préférable encore d’avoir du cœur – comme M. Martineau – que de l’orthographe ; mais on peut avoir les deux