• 25 décembre 1914

    25 décembre - Noël

    Gloria in excelsis Deo !…

    Dès minuit les églises s’illuminent, les fidèles se pressent nombreux aux banquets sacrés, les chants montent aux cieux, les prières s’élèvent et se mêlent aux fumées des encens. Autour de la crèche du Divin enfant les adorations se mêlent aux présents.

    Venite adoremus ! Le divin enfant est né, soyons tout à la joie, Il nous apporte l’espérance, Il nous offre le bonheur du ciel.

    C’est la Noël !

    Nativité Adoration Fréteval [1600x1200]

    Fréteval.- Église Saint-Nicolas.- Adoration des bergers.- CAOA. AD41

    Étant encore souffrant je ne vais pas à la messe de minuit, combien je le regrette. Je vais, à 6 h, à la messe de l’aurore. Il fait nuit encore, et - au ciel - les étoiles brillent comme des diamants ; l’étoile des nuages resplendit plus que jamais. La vieille église de Vienne - à travers les verrières - jette de grandes clartés sur la place enténébrée. Au loin - dans la campagne - on entend les angélus qui sonnent.

    Je retourne à la messe du jour à Saint-Vincent, et le soir je vais aux vêpres, au sermon donné par M. l’abbé Bénard, professeur de philosophie à N. D. des Aydes, aux Complies et au salut à la cathédrale. Mgr l’évêque officie pontificalement. Il y a beaucoup de monde.

    Je rentre après, car au dehors les toits sont blancs, il gèle fort et il fait très froid.

    Je trouve une lettre de Mgr Bolo.

    « 16 Dec. 14

    Cher ami. Vite un mot pour vous féliciter d’avoir échappé à ce terrible accident !

    L’Immaculée–Conception vous a protégé, et aussi Madame la Sainte-Charité dont vous êtes le si fervent disciple.

    Pour nous nous voyageons. Je vous écris de Malte. Nous avons vu le Mont-Athos !!! Salonique, Cythère, Ossa, Peliuv[1] [Pelion], l’Olympe, le Taygète, Dédéogoath[2] [Dedeagatch] moins antique, et j’ai canoté à la voile devant Ithaque et dans la baie de Kassandra !…

    Je ne vous oublie pas, ne m’oubliez pas non plus dans vos prières. Avez-vous de bonnes nouvelles de la Chaise ? Adieu les visites[3]…  le fil s’en est cassé avec les lanternes de l’auto.

    Bien affectueusement et sans crainte de rupture.

                                              Signé : H. Bolo.»

    Voici aussi une bonne lettre du Docteur Corby, de Paris ; j’en extrais les passages suivants :

    « Cher Monsieur et ami

    J’ai été bien peiné, ainsi que madame Corby, d’apprendre les grands dangers que vous aviez courus ; peu s’en est fallu que nous fussions privés à tout jamais d’un bon ami et excellent architecte ».

    Puis le bon docteur me donne de précieux conseils médicaux, pour ma santé ; je vais les suivre à la lettre parce que j’ai la plus grande confiance dans mon ami, dont la science est très grande et le dévouement très profond.

    Noël se termine donc pour moi dans une douce atmosphère amicale : Mgr Bolo, M. le Docteur Corby, voilà deux éminents et savants amis.

    [1] je ne lis pas très bien ce mot et le transcris encore plus mal

    [2] même observation

    [3] Mgr fait allusion à mon auto dont je vais me défaire