• 16 décembre 1914

    16 décembre

    Enfin ! L’abbé Renou me donne de ses nouvelles.

                              « Blois, le 14 Déc. 1914

    Cher Monsieur Paul

    Enfin l’un des deux rescapés va mieux. Il se lève, il sort, il a même chanté la grand’messe dimanche avec un emplâtre sur le front, mais pas mal quand même. Et maintenant j’ai repris la vie normale. Mais je n’ai pas eu encore le plaisir de vous répondre aux deux aimables lettres que vous avez eu l’amabilité de m’envoyer.

     

    transport blessé

     

    Le transport d'un blessé dans une ambulance.- Agence photographique Meurisse.- BNF, département Estampes et photographie, EI-13 (2546)

     

    J’ai entendu dire que vous ne vouliez plus aller en auto. M. de Bournonville a dû vous dire – de ma part – que vous aviez grand tort et que je me promettais de faire, avec vous, si vous le voulez bien, la première promenade dans votre auto réparée.

    C’est entendu, guérissez-vous vite afin que nous puissions la faire bien vite.

    Les reins me font toujours un peu mal et j’ai perdu la moitié de ma tête, qui se trouve anesthésiée du fait du sectionnement de quelques vaisseaux nerveux. Mais le traitement à l’électricité que je vais suivre me remettra tout en place. Et vous, cher Monsieur Paul, je pense que vous aller bientôt quitter la chambre et reprendre vos habituelles occupations ; je le désire ardemment pour vous. Comme je regrette d’avoir été la cause involontaire de cet accident, car, après tout, si je ne vous avais pas demandé le service que, comme tous les autres, vous ne savez jamais refuser, cela ne serait pas arrivé.

    Remettez-vous bien vite, afin que nous puissions tous deux fêter votre prompte guérison.

    Mes respects à Madame votre Mère et croyez à ma bien sincère amitié

    Et à bientôt. Votre bien dévoué

                              Signé : E. Renou »

    Le bon et excellent ami ! Allons le voilà mieux ! Moi je ne vais pas trop mal. Les brouillards se dissipent de plus en plus, le mauvais souvenir de cet accident commence à s’éloigner, bientôt on n’en parlera plus, le ciel redeviendra bleu. Tant mieux.

    Mais pour refaire de l’auto. J’ai dit « non ! ». Je ne prends jamais une décision à l’aventure. J’ai dit « non ! », c’est non !! Je ne veux plus faire d’auto, c’est chose décidée. Je n’en veux plus.