• 3 août 1914

    3 août - 2e jour de la mobilisation

     

    Depuis le lever du soleil, ce matin, les rues sont sillonnées d’une foule d’ouvriers, d’employés, de propriétaires, de paysans qui partent pour rejoindre leur corps d’armée. Les rues sont noires de monde. Beaucoup doivent être rendus à la caserne de Blois, ou à la gare principale, avant 6 heures. Et dans la fraîcheur matinale les adieux se font, touchants, tristes, courageux, joyeux à la fois. C’est que les hommes partent heureux du devoir à accomplir, tandis que les femmes et les enfants pleurent.

    Je vois Émile Delabarre qui part ; puis Renault, le maître de l’hôtel des tramways ; puis le fils Minet qui - dans les auxiliaires - va - m’a-t-il dit - à l’état major à Nancy ; puis des ouvriers que je connais. Les femmes les accompagnent en pleurant à la gare ; elles feraient mieux de rester chez elles parce qu’elles enténèbrent, forcément, au dernier adieu, le cœur des hommes qui partent. Malgré la gaieté, la joie de faire son devoir, il y a toujours - au fond de chacun - la tristesse de quitter les siens ; l’instant de cette séparation est suffisamment dur pour que les femmes, inutilement - ne viennent pas en raviver les douleurs.

    Toute la matinée et toute la journée, les trains, les tramways de Sologne et de Beauce, déversent des flots et des flots de défenseurs qui partent joyeux à la défense du sol menacé. Ils passent gaiement, « la Marseillaise » et « le chant du départ » éclatent de milliers de poitrines, on ne songe plus à ceux restés là-bas, au foyer, souvent sans pain, sans argent ; on ne songe pas aux récoltes si belles laissées sur le sol, non rentrées ; on ne songe qu’à la France, et on a raison.

    Je vois passer au milieu d’un groupe compact et joyeux, René Duchalais des Montils ; des prêtres qui, leur petit baluchon à la main, comme les autres, vont faire leur devoir de Français.

    Que de paroisses seront seules, sans pasteur !

    Le Bon Pasteur donne son sang pour ses brebis ; le bon Français ne doit-il pas donner son sang pour la France ?

    Je vois passer mille et mille connaissances, ils sont heureux de partir et je les envie.

    De longues colonnes de beaux chevaux arrivent pour la réquisition. Pauvres bêtes qui ne reverront plus leur maître !

     

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    Paris.- La commission de l'armée réquisitionne les chevaux, 2 août 1914.- Agence photographique Rol.- Gallica.bnf.fr : BNF, département Estampes et photographie, EST EI-13 (380)

     

    Ce matin, avec Robert, nous allons par la ville. Le pont sur la Loire est gardé militairement. Un factionnaire armé, avec fusil et baïonnette au canon est à chaque extrémité du pont, tandis qu’un troisième monte la garde au milieu, au pied de la croix. Rapprochement symbolique !

    La mairie est occupée militairement, les quais sont encombrés de bagages, de sacs, de fournitures de toutes sortes ; partout des soldats. C’est que l’état de siège est proclamé dans toute la France, depuis hier au soir.

    Là-bas rue Denis Papin, une colonne militaire s’avance ; je vois la foule qui l’accompagne pendant que des cris s’élèvent de toutes parts. Je ne distingue pas bien au premier abord. Cependant j’aperçois un homme grand, jeune encore, correctement mis, coiffé d’un chapeau de paille, qui s’avance au milieu d’un encadrement de soldats, fusil sur l’épaule et baïonnette au canon ; ils l’emmènent à la mairie. C’est un espion, dit-on.

     

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    Blois.- Rue Denis Papin.- 6 Fi 18/589. AD41

     

    Il a été pris sur la voie du chemin de fer, déboulonnant un rail, et les femmes lui tendent le poing, les hommes l’injurient et le menacent. La colonne arrive. Devant le n°13 de la rue Denis Papin, M. Pelon Bridel, marchand de nouveautés, s’élance, écarte les soldats et tombe à poings fermés, bravement, sur l’espion ; ce fut un signal ; aussitôt la foule se rue sur le malheureux, les soldats sont impuissants à retenir la foule ; mon sang de Français ne fait qu’un tour à la vue de ce misérable et, moi aussi, me mêlant à la foule, je veux flageller le bandit comme il le mérite et lui envoie un vigoureux coup de poing en plein sur la joue gauche… les coups pleuvent. Enfin les soldats parviennent à l’arracher de la foule qui menace de le jeter dans la Loire. Le misérable est poussé dans la mairie, par la porte de la rue de la Foulerie.

    Pendant ce temps la foule s’accroît encore. Les esprits sont surexcités, la guerre est dans l’air si elle n’est pas encore dans la réalité. On discute. Les uns disent qu’il est idiot et ridicule d’assommer un homme pareillement, sans savoir très exactement s’il est un espion ; les autres disent que la France à l’heure actuelle est envahie d’espions allemands, que nous avons été trop bons et qu’il est temps que nous nous faisions justice. M. le comte Henri de Beaucorps, que je rencontre dans cette foule vengeresse, est de l’avis des premiers « Il est insensé de rouer des coups un homme que personne ne connait. Attendez donc, au moins, avant de le frapper – et encore ! – de savoir s’il est un espion. Moi je pars, et je ferai mon devoir comme les autres, mais je vous assure que je ne frapperais pas un homme mis ainsi dans l’impossibilité de se défendre. Et puis il paraît que cet homme n’est pas un allemand, c’est un serbe ! Donc si c’est un serbe c’est une ami de la France !! »…

    Je reconnais bien là la grande bonté habituelle de M. le comte Henri de Beaucorps, et je ne veux pas le contredire, heureux que je suis de le voir et de lui serrer la main, encore une fois.

    Mais dans un autre groupe où je me mêle, plus loin, je manifeste nettement mes idées hostiles à ces étrangers qui pullulent en France et l’espionnent, et sont la cause de nos malheurs. « Croyez-vous, dis-je, si cet homme n’avait rien fait, qu’il aurait été amené ainsi entre une patrouille militaire, au milieu d’une population révoltée. Mais le fait aurait été d’une grave imprudence ! Pensez-vous qu’on arrête les individus qui n’ont rien fait. Allons donc ! Et puis est-ce bien un Serbe ? Tous les espions sont munis de passeports faux : serbes, espagnols ou italiens. Peu importe ! Jamais ils n’auront de passeports allemands ! Croyez-vous qu’ils seraient assez imprudents pour agir ainsi ! Croyez-vous qu’il vous sera possible de vérifier s’il est serbe, italien ou japonais, non, n’est-ce pas ? Il a été arrêté donc c’est qu’il a mal fait. Il a été châtié par la justice de la foule, tant pis pour lui.

    Pour ma part, je l’ai frappé – comme les autres – et je ne m’en repends pas. Oh non ! Et puis s’il est serbe son devoir l’appelle en Serbie où la guerre est déchaînée ; il devrait être là-bas à défendre son malheureux pays ! »

    Un gendarme qui sort du poste de police, nous annonce que c’était un serbe. Après tout, ce pouvait être un serbe au service de l’Allemagne ; sa nationalité ne prouve pas qu’il n’était pas un espion. Donc on a bien fait.

    Les flots de soldats se déversent toujours ; les trains amènent toujours des défenseurs. Marée humaine, qui va joyeuse vers la frontière ; flux vengeur qui ira empêcher par son élan le raz de marée boueuse de nous enliser et nous ensevelir.

    Qu’ils sont beaux les Français à ces heures !

    Il n’y a plus de divisions, plus de politique, plus de mesquines ambitions, plus de riches, plus de pauvres, plus de partis, plus de républicains, plus de royalistes, plus de bonapartistes, plus de grands, plus de petits, tous les niveaux sont égaux, toutes les conditions sont les mêmes, les rangs sont confondus, les privilèges sont disparus, i l n’y a plus que des Français qui - face à l’envahisseur - font le bataillon sacré.

    Bataillon Sacré de la Patrie, au dessus de tes enfants flotte le drapeau immortel ! Drapeau de France, au vent de la revanche, dans le sifflement des balles meurtrières, que tes plis recouvrent tes fils et les protègent !!

    Aïeux de Valmy, de Fontenoy, de Bouvines, de Waterloo, de Reichshoffen, de Patay et de Gravelotte, aidez ceux qui vous remplacent dans la lutte pour la civilisation !

    Il n’y a plus de partis : il y a la France !

    Il n’y a plus que la France !!

    Qu’ils sont beaux les enfants de France !!!

    Vive notre France !!!!

    Encore ! … Toujours !!

    …Vive la France !!!!

     

    Pendant que nous déjeunons, M. Joseph Nain, représentant en vins à Blois, ancien régisseur du domaine de Menars (Loir-et-Cher) vient me demander ce que je compte faire pendant toute la durée de la guerre.

    « Servir mon pays, être utile à mon pays » lui répondis-je.

    « Voici le but de ma visite » me dit M. Nain. « Je suis réformé du service militaire et je n’ai jamais été soldat, je ferais donc un mauvais défenseur au strict sens militaire du mot. Cependant dans les tristes heures que nous traversons, chaque Français peut – dans la mesure de ses forces, de toutes les façons, aider son pays. – c’est mon avis, lui dis-je, et c’est ce que je cherche à faire.

    « Vos obligations vous forcent-elles à certains services et votre désignation – dans les services auxiliaires – vous fixe-t-elle à un emploi ? »

    « Aucun, et je suis libre ; ou tout au moins pour l’instant, car je ne dois partir que sur un ordre d’appel individuel. Cet ordre d’appel je l’attends ; me viendra-t-il ? » « Très bien alors, me répondit M. Nain. Voulez-vous, jusqu’à l’arrivée de votre ordre d’appel – s’il arrive – que nous nous unissions tous les deux  pour servir le pays ? » « Mais particulièrement ! » «  Eh bien voici ! Je suis allé offrir mes services pour les ravitaillements, j’ai été accepté et je suis chargé de la rentrée des récoltes, des moissons pour commencer. Il me faut me transporter dans de nombreuses communes, toute la rive droite de la Loire, jusqu’au Loir, le canton d’Herbault excepté, au total 98 communes environ, dans lesquelles il nous faudra retourner plusieurs fois, vous avez une auto» « Oui et je l’offre à la France, et je m’attache à vous pour ce service de ravitaillement, car je vois où vous voulez en venir. Je vous en remercie ; j’accepte ! » « Êtes-vous prêt cet après-midi ? » « À l’instant même. » « Eh bien trouvez-vous à 1 h ½ - devant la Préfecture, vous me prendrez et ce soir même nous commencerons notre campagne de ravitaillement. Il n’y a pas un instant à perdre. La moisson a été - presque partout – abandonnée dans les champs, notre mission consistera à aller dans toutes les communes, dans tous les villages, dans tous les hameaux, à grouper - hélas ! - les bonnes volontés qui restent pour rentrer les récoltes, à établir des machines de battage, faire battre les grains aussitôt, en aviser les meuniers car - déjà - des moulins sont arrêtés, les stocks de vieux grains sont épuisés, ceux des farines baissent et vont manquer, l’armée et les populations civiles vont manquer de pain d’ici quelques jours, si nous ne faisons pas rentrer les grains immédiatement »  « Il n’y a pas un instant à perdre, en effet, et notre mission – pour ne pas être périlleuse comme celle du soldat exposé au feu de l’ennemi – est belle. J’en suis très fier et je vous remercie, monsieur Nain, d’avoir pensé à moi. Je suis vôtre, comptez-sur moi ; je m’attache à vous. Je m’offre pour cette mission, j’offre mon temps, j’offre mon auto, l’essence, les pneus ; j’offre tout. Comptez sur tout mon dévouement.

     

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    Lamotte-Beuvron.- La moisson.- 6 Fi 106/42. AD41

     

    Pour la France je ferai tout ce que vous voudrez. Entendu pour 1 h ½ à la Préfecture. Ce soir nous commencerons notre campagne, si heureux de rendre service à mon pays ! ».

    A 1 h ½ j’étais à mon poste, place de la République, attendant M. Nain qui était dans les bureaux de la Préfecture pour faire légaliser ses pièces.

    Pendant ce temps les recrues passaient toujours, toujours joyeuses, et toujours de plus en plus nombreuses, à les voir ainsi, enthousiastes, on ne pouvait pas penser que ces hommes, aussi résolus, allaient à la guerre ; que beaucoup ne reviendraient pas, quoiqu’il arrive.

    Je voyais M. le comte J. de Chérisey[1] qui me disait qu’il était prévenu d’être prêt et qu’il pouvait partir d’un instant à l’autre. Je voyais aussi Marcel Perly[2] qui arrivait et venait me taper sur l’épaule.

    Enfin M. Nain arrivait et nous partions, mettant le cap… de mon auto sur la Chaussée St Victor. Premier arrêt chez M. le maire de la Chaussée[3], puis deuxième arrêt – en face – chez un conseiller municipal, gros propriétaire.

     

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    La Chaussée-Saint-Victor.- Le Vieux moulin.- 6 Fi 47/48. AD41

     

    Chez l’un et chez l’autre nous rencontrons une bonne volonté de hâter la rentrée des récoltes et de faire aider ceux qui n’ont plus d’aides, car dans certaines maisons – et il en sera ainsi, malheureusement, dans beaucoup d’autres – les pères, fils et frères sont partis, il ne reste plus personne. Nous filons ensuite sur Menars. Longeant la grande ligne de chemin de fer de Paris, nous apercevons la silhouette grise ou blanche des gardes-voies, qui vont et viennent l’arme au bras. Les trains de voyageurs sont supprimés, seuls les trains pour la mobilisation passent. Il y en a tous les quarts d’heure environ, et ils sont d’une longueur interminable : des fourgons chargés de canons, des voitures régimentaires, de matériel de guerre, des voitures à marchandises surchargées de soldats qui chantent à la victoire. Et il en passe ainsi tous les quarts d’heure. Tous montent, bien entendu, et vont à la frontière.

    Nous nous arrêtons à Menars, à la mairie d’abord, chez le maire[4] ensuite. L’accueil que nous fait M. le maire de Menars est des plus enthousiaste, lui aussi fera rentrer et battre les grains au plus tôt ; il nous offre des rafraîchissements.

    Nous partons pour Cour-sur-Loire. Nous rencontrons justement M. le maire[5] de Cour à la mairie ; il est en compagnie de son secrétaire et d’un conseiller municipal. Il nous dit d’abord qu’il lui sera difficile de faire la rentrée des grains, les bras manquants dans sa commune, et puis, croyant que nous voulions prendre tout le blé, il ne veut prendre aucun engagement, désirant en garder à ses administrés. M. Nain fait appel à son patriotisme et à son intérêt.

    Les fils de ses administrés qui sont dans les armées doivent être nourris ; ses administrés qui voudront bien vendre leur blé immédiatement seront payés aussitôt et un bon prix ; tandis que ceux qui ne voudront pas vendre seront forcés de le faire - sur réquisition - et ils ne seront payés qu’à la fin de la guerre et au cours du jour.

    Ils ont donc tout avantage à le faire immédiatement. M. le maire de Cour semble touché de ses arguments et il nous manifeste ses sentiments patriotiques – dont nous ne doutions pas, du reste - et nous assure qu’il va faire tout son possible pour engager ses administrés à rentrer leurs récoltes au plus tôt.

    Nous revenons par la Chaussée-St-Victor, où nous nous arrêtons chez M. le maire une seconde fois, puis nous allons voir un entrepreneur de battage nommé Jarry (de la Chaussée) à un endroit où il bat du blé actuellement, près d’un moulin à vent sans ailes, à l’entrée du bourg, il n’y est pas ; nous revenons chez lui et enfin le rencontrons lorsqu’il sort de chez le maire. Comme il possède plusieurs machines à battre, M. Nain lui donne les instructions pour les différentes machines à établir dans les communes.

    En arrivant à Blois l’avenue de Paris est remplie d’une foule « bleue » de soldats, et il en arrive encore, le baluchon ou la valise à la main, ou la mallette pendue au côté. Nous ne recevons plus ni lettres, ni journaux de Paris, ni d’ailleurs.

    Par les dépêches officielles on apprend que, le 1er août, l’Allemagne a déclaré la guerre à la Russie. Pauvre grenouille ! Que le 2 août les Allemands ont envahi le Luxembourg, territoire déclaré neutre cependant par des traités signés par la Prusse. Mais peut-on avoir confiance en cet empire de voleurs et de bandits, où la force prime le droit ! Que l’Allemagne a envoyé un ultimatum à la Belgique, la sommant de la laisser passer sur son territoire neutre ; la Belgique refuse énergiquement. Que l’Italie – elle – déclare rester neutre et ne pas suivre l’Allemagne dans sa folie dangereuse. Que M. Samain, Président du Souvenir Français en Alsace, a été fusillé à Strasbourg. Qu’enfin ! L’Allemagne, l’immonde Allemagne déclare la guerre à la France !!

     

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    « L’Écho du Centre », une de l’édition spéciale du 5 août 1914.- 108 PER 1914 / AD41

     

    Cette fois-ci ça y est ! La guerre est déclarée. Il n’y a plus à douter.

    Cette déclaration de guerre ne surprend personne, au contraire un cri de soulagement sort de toutes les poitrines : « Enfin ! Nous allons pouvoir nous mesurer et en finir une bonne foi ! Il faut exterminer ces sales gens là !! » Ce n’est pas le cri de la France seulement, c’est le cri de toute l’Europe, presque de toute la terre. C’est la Russie, l’Angleterre, la Belgique, la Hollande, la Suisse, le Danemark, la Suède, le Portugal, l’Espagne, le Japon (qui envoie ses escadres lutter sous le pavillon anglais), le Canada (qui envoie 20 000 hommes) et la France. Et je ne parle pas de la Serbie, de la Roumanie, du Monténégro, de la Grèce et de l’Italie (qui au fonds est avec nous) qui ne peuvent être que de cœur avec la France, mais sont sûrement contre l’Allemagne.

    Robert qui est allé voir passé les trains de mobilisation ce tantôt, me dit qu’ils passent en gare aux accents joyeux de « la Marseillaise », ils sont pavoisés de drapeaux, de fleurs et de feuillages et - sur les wagons - des inscriptions joyeuses révèlent l’esprit français, le bon et si fin esprit français qui prend toujours le dessus : « Mort à Guillaume ! Vive la France ! - Train de plaisir pour Berlin, aller et retour ! - À bas les sales Prussiens ! On en fera des saucisses !! Guillaume à la guillotine ! ». Des têtes de prussiens, des casques pointus, des images caricaturales de Guillaume les moustaches en pointes de paratonnerre, ornent les panneaux des voitures. Les dessins sont - la plupart - à la craie et les artistes improvisés ont fait preuve d’ingéniosité et d’esprit.

    Le mordant gaulois reparaît toujours et les Français savent (seuls au monde) tirer la conclusion, remplie d’esprit, des événements même les plus graves.

    Cette marche à la guerre, peut être pour beaucoup cette marche à la mort, c’est la marche à la joie ! Les Allemands ne nous comprendront jamais, les races sont trop différentes ; ces butors et ces mangeurs de charcuterie ne comprendront jamais ce qu’il y a de bon, de fin, de précieux chez nous. À l’esprit français diraient nos braves soldats, les Allemands préfèrent l’esprit… de vin. Peuple grossier, faisant tache dans toute l’Europe, aux goûts dépravés et sauvages, cette écume des peuples devra disparaître pour le plus grand bien de l’humanité. C’est à cette tâche noble que s’est attachée la France ; elle réussira, j’en ai la douce et ferme conviction.

    La civilisation est en guerre contre la barbarie.

    [1] Propriétaire au château de Clénord par Cellettes.

    [2] Frère de l’abbé Perly.

    [3] M. Thibault Alfred.

    [4] M. Gauthier Louis.

    [5] M. Cointault Alphonse.