Accueil Archives départementales Trésors des archives Les documents du mois L’ancien évêque, l’esclavage et les archives : une lettre de l’abbé Grégoire en 1819

  • Ajouter au panier
  • Envoyer la page à un ami
  • Imprimer
  • L’ancien évêque, l’esclavage et les archives : une lettre de l’abbé Grégoire en 1819

    Dans le cadre de la 15e journée nationale des mémoires de l’esclavage, des traites et de leurs abolitions, les archives départementales mettent en lumière une lettre de l'abbé Grégoire datée de 1819.

     

    Portrait de l'abbé Grégoire (33 Fi 184)

     

    Henri Grégoire, évêque constitutionnel de Loir-et-Cher de 1791 à 1801, est largement connu pour son engagement en faveur des droits de l’Homme. Adhérent et animateur de la Société des amis des Noirs, première organisation française défendant l’abolition de l’esclavage, il adresse à l’Assemblée nationale en décembre 1789 un Mémoire en faveur des gens de couleur ou sang-mêlés de St. Domingue, & des autres isles françoises de l'Amérique. Grégoire poursuit son combat après le rétablissement de l’esclavage en 1802 : après De la littérature des nègres en 1808, il publie en 1815 De la traite et de l'esclavage des Noirs, alors que les nations européennes réunies au Congrès de Vienne abordent la question de la fin de la traite négrière (et non l’esclavage). L’interdiction de la traite est confirmée en France en 1817 puis en 1818. Elle continue pourtant de façon clandestine, ce dont Grégoire ne manque pas de s’indigner.

     

    C’est dans ce contexte que s’inscrit la lettre de l’abbé Grégoire que nous publions ici, datée du 1er avril 1819. Comprise dans un lot de correspondance acquis par les Archives départementales en 1931 (cote F 592), elle est adressée à l’abbé Francesco Cancellieri (1751-1826), directeur de l'imprimerie de la « Propagande » à Rome, c’est-à-dire de la congrégation de la Propagande, appellation commune de la Sacrée congrégation pour la propagation de la foi, un des organes de la curie romaine.

    Cancellieri est l’un des nombreux correspondants savants de Grégoire. Après avoir parlé de ses dernières publications, l’abbé l’informe de ses recherches concernant une lettre du cardinal Cibo de 1683 relative à l’esclavage. Grégoire, qui a déjà sollicité l’archiviste de la congrégation à ce sujet, commence à s’impatienter : « D'ici à cet époque Mr l'archiviste de la Propagande aura peut-être trouvé la lettre du cardinal Cibo en 1683 aux missionnaires du Congo contre la traite des nègres dont je désire avoir copie ». Quatre mois plus tôt, en décembre 1818, Grégoire a sollicité à ce sujet le cardinal Fontana, fraîchement nommé à la tête de la congrégation. Il souhaiterait surtout que la Congrégation proclame publiquement son opposition à la traite négrière, qu’elle « [manifeste] comme en 1683 son horreur pour un commerce qui outrage l'Évangile et qui est en opposition directe avec le christianisme ». La demande de Grégoire demeurée sans réponse, il compte sur Cancellieri pour confier un second exemplaire de sa lettre au cardinal.

    Quelles sont les suites de cette affaire ? Grégoire publie sa lettre au cardinal Fontana en 1822, dans son ouvrage Des peines infamantes à infliger aux négriers,[cliquez ici pour accéder à cet ouvrage] il y précise que le cardinal « n'a pas daigné répondre ».

     

    L’archiviste avait-il, de son côté, retrouvé la lettre du cardinal Cibo ? Ce document est désormais connu des chercheurs : bien conservé dans les archives de la Congrégation, il date de 1684 (et non de 1683 comme l’indiquait Grégoire) et son auteur est Odoardo Cibo, secrétaire de la Congrégation de la propagande. Vous pouvez lire sa transcription ici, p. 337, en italien.

     

    Cliquez sur la galerie d'images, ci-dessous, pour consulter la lettre et sa transcription. 

  • Galerie d'images

    • AD 41 - F 592 - Lettre de l'abbé Grégoire (folio 1)
    • AD 41 - F 592 - Lettre de l'abbé Grégoire (folios 2 et 3)
    • AD 41 - F 592 - Lettre de l'abbé Grégoire (folio 4)