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Testament de madame Guyon
AD41, 3 E 10/2325

Au nom du père et du fils et du saint esprit à l’honneur du verbe incarné sous l’intersession de la sainte Vierge et de saint Michel

Ceci est mon testament et dernière volonté à l'exécution de laquelle je prie les executeurs sy dessous només de tenir la main. C'est au seigneur mon Dieu que je fais une remise de tout ce que je suis, comme c'est à luy que je dois toutes chose. Ô seigneur mon Dieu, faite de moy tout ce qu'il vous plaira, je vous fais une donation irévocable de mon âme et de mon cors pour en disposer selon votre sainte volonté. Vous voyez, seigneur, ma misère et la nudité, vous sçavez que je ne veux que vous seul soit au ciel soit sur la terre, c'est entre vos mains que j'abandonne mon âme, ne contant point pour mon sallut sur aucun bien qui soit en moy mais sur votre seulle misericorde et les mérites du sang de monseigneur Jésus Chrit.
Je proteste que je meurs fille de l'église catolique apostolique et romaine, que je n'ay jamais voulu m'escarter un moment de ses sentimens, que depuis j'ay eu l’usage parfait de la raison, je n'ay pas esté un moment sans estre prête au moins de volonté de respandre pour elle jusqu'à la dernière goute de mon sang, comme je l'ay tout jours protesté en toute ocasion et en tout rencontre, comme je l'ay tout jours signé et déclaré tout autant de fois que je l'ay pû, ayent tout jours soumis et en tout tems les livres et escris que j'ay faits, à la sainte Eglise ma mère, pour laquelle j'ay tout nous eu, ay et auray tout jours avec la grâce de Dieu n attachement inviolable et une obéissance aveugle, n'ayant point d'autre sentiment et n'en voulant jamais admetre aucun autre que les siens, condamnant sans nulle restriction tout ce qu'elle condamne ainsy que j'ai toutjours fait.
Je dois à la vérité et pour ma justification protester avec serment qu'on a rendu de faux témoignages contre moy, adjouttant à mes escris, me fesant dire et pencer ce à quoi je n'avois jamais pencé, et dont j'estois infiniment éloignée, qu'on a contrefait mon écriture diverses fois, qu'on a joint la calomnie à la fausseté, me fesant des interogatoires capcieux, ne voulant point escrire ce qui me justifioit et adjouttant à mes responces, mettant ce que je ne disois pas et suprimant les faits véritables. Je ne dis rien des autres choses parce que je pardonne tout et de tout mon coeur à ceux qui m'ont fait de la peine ne voulant pas même en conserver le souvenir. Je proteste que le papier paraffé d'un notaire et celui qui est cacheté de plusieurs cachets paraffé d’un notaire de Meaux ne contienent que la pure vérité
J
Première page J Marie Bouvier de Lamothe


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